NON pas les Ecolo!

Il est déjà trop tard pour résoudre la crise climatique

« Les normes sociales peuvent basculer très vite. »

Olivier De Schutter, 3e sur la liste Europe, est professeur de droit international à UCLouvain. Il a été, entre 2008 et 2014, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation.

Pollution de l’air, de la terre, de la mer… On a l’impression que l’activité humaine touche à ses limites et que l’on arrive au bout d’un système…

Ces pollutions multiples sont le résultat d’un choix de société qui a privilégié des solutions productivistes et la consommation de masse au détriment de la viabilité des écosystèmes sur lesquels nous et les générations futures nous nous reposons. Mais un ensemble d’intérêts dépend aujourd’hui du système hérité, ce qui lui donne une très grande inertie.

Nous sommes dans une économie mondialisée qui pèse très lourd sur l’environnement. Est-ce que relocaliser l’activité économique est une solution ? N’est-ce pas un retour en arrière ?

La transition ici ne sera possible que si les politiques commerciales s’alignent sur cet objectif, dans un souci de cohérence. Entendue comme l’abaissement des obstacles aux échanges et le développement de chaînes d’approvisionnement longues, la mondialisation a permis aux grands acteurs économiques de segmenter les processus de production en faisant travailler les gens là où la main-d’œuvre est la moins chère, en polluant là où les normes environnementales sont les moins strictes et en déclarant des profits là où le taux d’imposition des sociétés est le plus bas. La mondialisation a donc encouragé le dumping social, environnemental et fiscal. Ceci n’est pas une fatalité. On peut parfaitement faire en sorte que la mondialisation soit celle du développement durable. L’Union Européenne peut par exemple subordonner l’accès de ses marchés au respect de normes sociales et environnementales et favoriser ainsi les Etats qui font le plus pour que leur production soit conforme à ces normes. Ce n’est pas du protectionnisme : c’est au contraire être solidaire des combats conduits par les syndicats et les mouvements sociaux dans les pays qui sont nos partenaires commerciaux. Cela doit se combiner avec une relocalisation de la production là où c’est possible, notamment dans les domaines de l’agriculture et de l’alimentation : dans ce domaine, la distance longue qui s’est installée entre la production et la consommation a des impacts très problématiques sur l’environnement ou la santé.

La transition, c’est donc plus de règles. Mais c’est aussi des changements dans les comportements individuels ?

La transition écologique passe par un changement de mode de vie, par une prise de conscience de ce que chacun peut faire à son échelle dans ses manières de produire et de consommer, de se déplacer, ou de s’alimenter. Non seulement parce que les modes de vie ont une influence majeure sur l’empreinte écologique de chacun, mais aussi en raison du signal que cela envoie aux politiques. En outre, les normes sociales peuvent basculer très vite. Des études récentes montrent que, quand un seuil de 25% de la population commence à changer sa manière de s’alimenter, de se vêtir, de se déplacer, de prendre ses vacances,… cela envoie un message que l’ensemble de la population peut recevoir et qui peut amener, par un effet domino très rapide, un vrai changement sociétal. Je crois très fort, non pas dans la capacité des petits gestes quotidiens de faire la différence, mais dans le rôle que nous avons chacun à encourager la politique et la société à changer. Il faut arrêter d’opposer les deux. Ils sont très complémentaires en fait.

Mais il y a un gros nuage gris : l’urgence climatique. Nous n’avons plus le temps pour une transition « lente ». Est-ce que cette urgence climatique, de par les décisions fortes qu’elle nécessite, ne met pas en péril la démocratie ?

À l’inverse de l’idée que la démocratie devrait être mise entre parenthèses pour permettre aux autorités et aux gouvernements de prendre les mesures radicales que la situation climatique appelle, c’est un approfondissement de la démocratie qu’il faut opérer. À deux points de vue. D’abord parce que si la population est associée en amont de la décision, les normes adoptées seront perçues comme légitimes et seront mieux comprises.

Et le second ?

Aujourd’hui, la politique porte malheureusement pratiquement exclusivement sur les moyens et pas sur les fins que la société se donne. Nous nous trouvons dans une situation absurde où nous déployons des trésors d’ingéniosité pour identifier différents moyens à mettre en place pour poursuivre notre trajectoire, mais nous ne nous posons pas suffisamment la question de la finalité. La démocratie profonde, c’est celle d’une société suffisamment mature pour se poser la question non seulement du comment, mais celle aussi du pourquoi. Cela concerne par exemple la croissance du PIB ou la place du travail dans nos vies…

Donc les sorties de crises et la transition passeront par plus de démocratie et plus de participation ?

L’idée que la demande de formes de démocratie plus participatives représenterait une menace pour la démocratie représentative fondée sur l’élection me paraît fausse. Je ne conteste pas la légitimité de l’élection comme manière de désigner des représentants. Je pense cependant qu’il faut qu’entre deux élections les gens puissent continuer à s’impliquer avec d’autres modes. La démocratie n’a pas de raison d’être limitée à l’État : elle doit s’étendre à l’école, à l’université, aux entreprises…

Les politiques aujourd’hui doivent comprendre que c’est un atout de pouvoir compter sur des gens qui délibèrent. Car la transition écologique passe par des innovations sociales et pas seulement technologiques. C’est-à-dire par de nouvelles manières de s’organiser, de construire une action collective, de produire ou de consommer. Ces innovations sociales sont décentralisées par définition, car elles sont le résultat de la créativité des gens en fonction des contextes infiniment variés où ils se trouvent. Les politiques peuvent apprendre de cela.

Cette approche semble aussi être par ailleurs une réponse à la montée des populismes ?

Il y a aujourd’hui un consensus pour dire que la transition écologique ne peut plus être vue seulement sous un angle technique ou technocratique, avec des manettes à manipuler.

La justice sociale et l’approfondissement de la démocratie sont compris à juste titre comme des ingrédients indispensables à la transition écologique.

Je n'ai pas confiance en la politique

Nous vivons dans une démocratie représentative.

C’est-à-dire que le peuple belge sera représentés par:

21 élus au Parlement Européen
150 élus au Parlement Fédéral
124 élus au Parlement Flamand

Et ces parlementaires prendront des décisions qui impacteront votre vie quotidienne pendant des années.

Chaque citoyen a exactement UNE voix, chaque citoyen a exactement le même pouvoir que chaque ténor.

Voter c’est faire entendre votre choix. Ne pas voter c’est renforcer le choix majoritaire. Car le nombre d’élus restera inchangé que vous votiez ou non!

Chambre – arrondissement de Bruxelles – Liste 2 ECOLO

1   KHATTABI Zakia
4   PETERS André

Suppléant  5  Isabel Rodriguez

Europe – Liste 2 Ecolo

1 LAMBERTS Philippe
2. BRICMONT Saskia
3 DE SCHUTTER Olivier

Vlaams Parlement – Liste 15 Groen

6   DE LILLE Robert

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